Quand Corsair Group ose réinventer le recyclage en pleine pandémie
2020. Le monde se confine, l’économie s’effondre, le pétrole atteint son plus bas niveau depuis trois décennies. Et pendant que tout le secteur énergétique fuit à toutes jambes, une poignée d’entrepreneurs décide… d’y entrer. Leur nom ? Corsair Group. Leur mission ? Transformer la plus grande catastrophe environnementale de notre siècle en opportunité commerciale viable.

Aujourd’hui, ils viennent de sortir une Masterclass de grande qualité . En cinq épisodes percutants, Jussi Saloranta, le fondateur, décortique comment son entreprise transforme les déchets plastiques en bio- huile (un or noir du XXIe siècle) qui intéresse déjà des géants comme Shell et Kera Energy.

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Mais attention : cette Masterclass n’est pas un simple cours de sensibilisation environnementale. C’est une plongée technique et commerciale dans un secteur qui brasse des milliards, attire les investisseurs, et pourrait bien redéfinir notre rapport aux 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année.
Alors, effet d’annonce ou vraie révolution industrielle ? Décryptage complet.
Corsair Group : naissance d’un empire du recyclage avancée en pleine crise sanitaire
Les origines : parier sur le chaos pour bâtir l’avenir
Fondé en 2020 par Jussi Saloranta et quatre associés, Corsair Group réunit aujourd’hui plus de 70 entreprises dans le monde et emploie plus de 100 personnes. Le siège social est établi aux Pays-Bas, avec des bureaux opérationnels en Finlande et à Bangkok.
Mais ce qui frappe dans cette histoire, c’est le timing audacieux. Créer une entreprise en pleine pandémie mondiale, cibler le secteur pétrolier au moment où tout le monde le fuit, et miser sur les déchets plastiques alors que l’économie circulaire peine encore à convaincre les grands industriels… Il fallait oser.
Jussi Saloranta résume sa philosophie en une phrase : « Plus le problème est grand, plus l’opportunité est grande. » Et force est de constater que le problème du plastique est titanesque.
Une vision claire : nettoyer la planète tout en créant de la valeur
Corsair Group se consacre à la création de solutions durables et efficaces à long terme pour combattre la crise mondiale des déchets plastiques. Mais contrairement à de nombreuses startups vertes qui s’arrêtent aux grandes déclarations d’intention, Corsair Group a rapidement structuré son modèle économique autour d’une technologie précise : la pyrolyse avancée.
➡️ Découvrez la Masterclass complète sur YouTube et plongez dans les coulisses d’une entreprise qui transforme les montagnes de déchets en montagnes d’or.

La crise mondiale du plastique : un fléau qui dépasse le poids de l’humanité
Des chiffres qui donnent le vertige
Si vous pensiez que la pollution plastique était un problème abstrait réservé aux documentaires Netflix, détrompez-vous. Les données présentées dans la Masterclass Corsair Group sont brutales :
La production mondiale de plastique atteint presque 500 millions de tonnes par an. Pour comparaison, le poids de tous les êtres humains sur Terre est d’environ 350 millions de tonnes. Autrement dit, chaque année, nous produisons plus de plastique que le poids de l’humanité entière.
Laissez cette information infuser quelques secondes. Nous créons chaque année plus de plastique que notre propre masse collective. Et ce plastique ne disparaît pas. Il s’accumule.
Le recyclage traditionnel : un échec cuisant

Actuellement, seulement 5% du plastique produit est recyclé. Les 95% restants finissent dans les décharges, sont brûlés, ou pire encore, terminent dans les océans.
5%. Cinq petits pourcents. Voilà la réalité du recyclage mécanique traditionnel. Pourquoi si peu ? Parce que tous les plastiques ne sont pas égaux. Les films d’emballage, les sacs plastiques souples, les produits multicouches… tout ce bazar ne peut pas être traité par les filières classiques de recyclage.
La projection cauchemardesque pour 2050
La production de plastique pourrait tripler dans les 30 prochaines années, principalement à cause de l’essor de la classe moyenne en Asie, Afrique, Moyen-Orient et Amérique latine, et de la demande accrue pour des produits emballés.
Si vous faites le calcul, ça donne froid dans le dos. Tripler la production, c’est passer de 500 millions à 1,5 milliard de tonnes par an. Et si le taux de recyclage stagne à 5%, nous risquons littéralement d’être submergés.
C’est précisément ce constat alarmant qui a poussé Corsair Group à développer une alternative crédible au recyclage mécanique classique.
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La solution Corsair Group : transformer le plastique en pétrole grâce à la pyrolyse avancée

Le principe de la pyrolyse : retour aux sources moléculaires
Alors, concrètement, comment ça marche ? Corsair Group collecte tous types de déchets plastiques sacs, films d’emballage, produits de conditionnement et les transforme en huile grâce à la pyrolyse, une technologie avancée de recyclage chimique. Cette méthode ramène le plastique à sa forme originale : le pétrole brut.
Oui, vous avez bien lu : on ramène le plastique à sa forme originale. Parce qu’au fond, le plastique n’est rien d’autre que du pétrole transformé. La pyrolyse inverse simplement le processus.
Une efficacité impressionnante : 1 tonne de plastique = 900 litres d’huile
Le processus est hautement efficace : 1 000 kg de plastique peuvent générer jusqu’à 900 litres d’huile de pyrolyse. C’est un ratio de conversion remarquable qui explique pourquoi les grands groupes pétroliers s’y intéressent.
Cette huile de pyrolyse peut ensuite servir à deux usages principaux :
- Produire des carburants : essence, diesel, kérosène
- Fabriquer de nouveaux plastiques via l’industrie pétrochimique ( choix de Corsair Group )
Des certifications qui rassurent les investisseurs et les industriels
Corsair Group a obtenu la certification ISCC (International Sustainability and Carbon Certification), l’une des plus prestigieuses du secteur, en tant que l’une des premières entreprises en Asie du Sud-Est. L’entreprise possède également les licences environnementales et permis d’exploitation en Thaïlande et en Finlande, et se conforme aux normes environnementales les plus strictes de l’Union européenne.
Et c’est là que ça devient sérieux. Car dans le monde du recyclage chimique, n’importe qui peut prétendre transformer du plastique en huile. Mais obtenir les certifications ISCC, c’est prouver que votre processus respecte des critères stricts de durabilité et de traçabilité. C’est ce qui permet à Corsair Group de vendre son huile à des géants comme Shell.
➡️ Regardez l’épisode 3 de la Masterclass pour comprendre en détail comment fonctionne la technologie de pyrolyse.
L’huile de pyrolyse Corsair Group : un produit premium qui séduit l’industrie pétrochimique

La meilleure huile de pyrolyse sur le marché (selon les clients)
L’huile de pyrolyse de Corsair Group est considérée par les clients de l’industrie pétrochimique comme la meilleure sur le marché. Cette qualité est le fruit de plus de deux ans de développement produit.
Deux ans de R&D pour perfectionner le produit. Voilà qui explique pourquoi Corsair Group ne s’est pas précipité sur le marché. L’entreprise a pris le temps de développer une huile de qualité supérieure, ce qui lui permet aujourd’hui de négocier avec les plus gros acteurs du secteur.
Le cercle vertueux : du sac plastique au nouveau plastique recyclé
L’huile peut servir à produire des carburants commerciaux ou de nouveaux plastiques via l’industrie pétrochimique.
C’est ça, l’économie circulaire appliquée à l’échelle industrielle. Un vieux film d’emballage qui traîne dans une décharge en Asie du Sud-Est peut devenir la matière première pour fabriquer un nouveau produit plastique de qualité alimentaire en Europe.
Le partenariat Shell : une validation majeure pour Corsair Group
Depuis début 2023, Corsair Group collabore étroitement avec Shell, principal acheteur de son huile de pyrolyse. L’objectif : produire des plastiques plus durables et circulaires, répondant aux nouvelles réglementations de l’industrie.

Ce partenariat change tout. Shell n’achète pas n’importe quoi à n’importe qui. Le fait qu’un géant pétrolier de cette envergure devienne le principal client de Corsair Group légitime complètement la technologie et le modèle économique de l’entreprise.
Et ce n’est pas qu’une question d’image verte pour Shell. Les nouvelles réglementations européennes imposent aux industriels d’intégrer un pourcentage croissant de matériaux recyclés dans leurs productions. L’huile de pyrolyse de Corsair Group leur permet de respecter ces obligations tout en maintenant la qualité de leurs produits.
Le processus de pyrolyse décrypté : un four géant qui transforme le plastique en or noir

Pyrolyse : étymologie et principe fondamental
Le terme « pyrolyse » vient du grec : « pyro » signifie chaleur, « lysis » signifie séparation. La pyrolyse décompose le plastique par la chaleur à son niveau moléculaire, sans le brûler.
Nuance cruciale : on ne brûle pas le plastique. On le chauffe dans un environnement contrôlé, à l’abri de l’oxygène, pour le décomposer chimiquement. C’est ce qui permet d’obtenir une huile propre, sans les émissions toxiques associées à l’incinération.
C’est ce qui rend le modèle Corsair Group particulièrement rentable : après le démarrage initial, le réacteur s’auto-alimente en grande partie grâce aux gaz produits par le processus lui-même.
Capacité et types d’huile produite
Un réacteur peut contenir 8 000 à 9 000 kg de plastique par cycle. C’est conséquent, mais ça reste du batch processing — chaque cycle prend du temps.
Et voilà le secret de Corsair Group : la qualité de l’output dépend directement de la qualité de l’input. C’est pourquoi l’entreprise investit massivement dans le tri et la préparation des déchets plastiques avant transformation.
➡️ Visionnez l’épisode 5 sur le processus de pyrolyse pour voir en images comment fonctionne cette technologie révolutionnaire.
Vision d’avenir Corsair Group : des montagnes de déchets aux montagnes d’or
Le plastique recyclé comme le papier, le verre ou le métal
Corsair Group envisage un futur où les plastiques pourront être recyclés comme le papier, le verre ou le métal. La résolution du problème mondial des déchets plastiques nécessitera une collaboration globale.
C’est ambitieux, mais pas irréaliste. Si la pyrolyse chimique devient la norme pour traiter les plastiques non recyclables mécaniquement, on pourrait effectivement atteindre des taux de recyclage bien supérieurs aux 5% actuels.
Les déchets plastiques : une ressource commercialisable
Avec des méthodes avancées comme la pyrolyse, les déchets plastiques pourraient devenir une ressource commercialisable, au même titre que le riz, le métal ou l’or. Métaphore de Jussi Saloranta : « Les montagnes de déchets deviendront des montagnes d’or. »

Cette phrase résume toute la philosophie de Corsair Group. Ne plus voir les déchets comme un problème à enfouir ou à brûler, mais comme une matière première valorisable. C’est exactement ce changement de paradigme qui peut transformer l’industrie du recyclage.
Un modèle duplicable à l’échelle mondiale
Ce qui rend le modèle Corsair Group particulièrement intéressant, c’est sa capacité à être déployé partout dans le monde. Les réacteurs de pyrolyse peuvent être installés là où se trouvent les déchets, réduisant ainsi les coûts et l’empreinte carbone liés au transport.
Les usines peuvent même être alimentées à l’énergie solaire, et chaque installation est certifiée ISCC et respecte les normes environnementales les plus strictes de l’Union européenne.
Conclusion
La Masterclass Corsair Group n’est pas qu’un exercice de communication corporate. C’est une fenêtre ouverte sur une industrie en pleine mutation, où les déchets plastiques passent du statut de fléau environnemental à celui de ressource stratégique.
En transformant les montagnes de plastique en huile de pyrolyse de haute qualité, Corsair prouve qu’il est possible de concilier rentabilité économique et impact environnemental positif. Le partenariat avec Shell, les certifications ISCC, l’autonomie énergétique des réacteurs… tout indique que le modèle est viable et duplicable à grande échelle.
Mais soyons clairs : Corsair ne résoudra pas seul la crise mondiale du plastique. Comme le rappelle Jussi Saloranta, cela nécessitera une collaboration globale. D’autres acteurs devront se lancer dans la pyrolyse chimique, les gouvernements devront faciliter le déploiement de ces technologies, et les consommateurs devront accepter que le recyclage avancé a un coût.
La vraie question n’est plus « Est-ce techniquement possible ? » mais « Allons-nous collectivement saisir cette opportunité ? »
En attendant, une chose est sûre : cette Masterclass mérite votre attention. Que vous soyez investisseur, entrepreneur, militant écologiste ou simple citoyen préoccupé par l’avenir de notre planète, les six épisodes de cette série vous donneront une compréhension approfondie d’une technologie qui pourrait bien redéfinir notre rapport au plastique.
Découvrir comment participer concrètement à la dépollution et comprendre les nouveaux modèles économiques qui changent la donne. Le changement commence maintenant.
Passez à l’action : découvrez la Masterclass Corsair Group
➡️ Accédez à la playlist complète des 6 épisodes
➡️ Visitez youtube officiel Corsair Group pour en savoir plus sur leurs installations et leurs opportunités économiques.
Cet article fait partie de notre série sur les innovations dans le secteur du recyclage plastique. Pour comprendre les enjeux financiers et réglementaires qui poussent les entreprises à chercher des alternatives au recyclage mécanique traditionnel, consultez également notre dossier sur la taxe plastique européenne qui coûte 15 milliards par an à la France.

Loïc Ringenbach
Leader International |Fondateur de l’équipe Global Impact Project

